Je ne sais pas tout… Je sais un peu… Mais quand je sais, je sais au premier regard… Pas pour toujours, la (pré)adolescence viendra sans doute, dans quelques années, brouiller nos codes et je commencerai alors à passer mon temps à essayer de le comprendre… Mais pour le moment je profite encore un peu de cette complicité qui me permet de le décoder d’un seul regard…
Je sais son menton qui tremble, sa main à plat qui vient frotter ses yeux plusieurs fois et les larmes qui ne vont pas tarder à arriver… Je sais les bobos qui font vraiment mal et ceux où il hurle pour le show ou parce qu’il a eu peur.
Je sais qu’il va avoir cinq ans mais qu’il a encore une toute petite voix et de très grands rêves… Je sais qu’il est à l’âge magique où l’on croit encore aux loups, au père Noël et aux gentils qui gagnent toujours à la fin… (Il pense d’ailleurs que les diables rouges ont gagné la dernière coupe du monde…)
Je sais la fatigue, les yeux qui brillent et la voix qui tire vers les aigus même s’il n’avouera jamais même sous la torture qu’il irait bien se coucher…
Je sais le sourire magique qui illumine son visage dès le réveil… Je sais les petits pas dans le couloir et la voix qui dit « j’ai bien dormi maman » qu’il soit 6h ou 8h du matin.
Je sais le câlin du soir et le « bonne nuit, je t’aime » qui suivra et puis la cohorte de petits soucis (envie de faire pipi, de boire un verre d’eau) qui viendront retarder l’échéance…
Je connais son petit air triste mais plein de défi quand il sent que je ne suis pas contente de son comportement…et la litanie de « oui mais » qui suivent le moindre reproche ou rappel à l’ordre..
Je sais sa panoplie de déguisement, ses sauts sur la canapé, ses bras qui entourent sa sœur, sa main qui cherche la mienne en rue…
Je sais que de petits bonheurs le rendront fou de joie (un bonbon, l’autorisation de manger pour une fois devant la télé ou le retour de vacances de ses grands-marrants) et que de petits malheurs le plongeront dans un abîme (heureusement de courte durée) de désespoir (un dessin oublié, la dernière crème au chocolat ou l’obligation d’aller se coucher)…
Je sais parfois les phrases qu’il ne dit pas et souvent les mots qu’il ne trouve pas… Il commence, je finis ou l’inverse…
Je sais le nom de ses meilleurs copains (et des autres aussi d’ailleurs) et lesquels il faudra inviter pour son anniversaire…
Je sais les plats préférés, ceux qui déclencheront l’enthousiasme ou ceux qui au contraire obligeront à de longues minutes de négociation entre chaque bouchée… Je connais son poids, l’évolution de sa courbe et les petites côtes qui saillent… Je sais qu’il faut prendre les pantalons en taille 3/4 ans même s’il va bientôt en avoir 5. Je n’ai rien oublié des heures passées à lui faire avaler une panade ou un biberon.
Je sais son désarroi quand je crie trop fort…
Je sais où sont cachés son doudou, le playmobil égaré dans la baignoire, le pull préféré (avec Spiderman maman) ou le livre qu’il cherche depuis deux jours…
Je sais tout ce qu’il a oublié… les neuf mois à le porter là au creux de mon ventre, les premiers regards, les nuits, les réveils, les mises au sein, son premier mot et ses premiers pas, nos angoisses et ses peurs… Et j’écris pour ne pas oublier à mon tour…
janvier 28, 2015
La petite larme à l’oeil au boulot à 14h11 … check. très émouvant <3
janvier 28, 2015
Sorry ma Ginette !!
janvier 28, 2015
Très beau, émouvant. Très juste aussi pour toutes les mamans. Bravo.
janvier 28, 2015
Merci !