Depuis la naissance de la Missnuscule, le Minus me parait souvent très grand. Avec son mètre (et 5 centimètres), ses grandes phrases, son autonomie et ses airs paternalistes quand il s’adresse à sa petite sœur, j’ai l’impression que mon minus est devenu un géant. Et puis, hier, je l’ai eu au téléphone et je me suis rendue compte qu’au bout du fil il y avait la voix d’un tout tout petit garçon…
Cette petite voix m’a émue et m’a en même temps plongée dans un abîme de réflexion… Je me dis qu’on en demande peut-être parfois un peu trop au premier surtout quand la différence d’âge avec le second est assez importante (3 ans et une chique dans le cas présent). « Surveille ta sœur deux minutes », « Aide moi un peu à ranger s’il te plaît », « Mange tout seul, je n’ai pas quatre mains », « Tu veux bien m’apporter la tutte de ta sœur? ». Quand on est seul, débordé ou que le rush de fin de journée bat son plein, on les voudrait parfois plus autonomes et débrouillards qu’ils ne le sont vraiment. Oubliant qu’il y a quelques mois encore, c’était eux les petits, ceux qu’on assistait dans leur moindre geste… Et que dire des énervements passagers, en réalité suscités par le petit dernier mais qui bien souvent finissent par rejaillir sur le grand justement parce qu’il est grand et pas petit…
Je ne sais pas si je parle juste de moi ou si vous vivez cela aussi dans votre quotidien mais c’est une réflexion qui s’est amorcée tout à l’heure et que je continue sur papier plutôt que dans ma tête. Rien de grave, bien sûr, mais l’envie de remettre un peu d’ordre dans tout ça et d’essayer de se rappeler, même quand on peine à se souvenir comment on s’appelle, que tout aîné qu’ils sont ils sont avant tout des minus…
Évidemment, ils ont eu d’autres avantages… Profiter des ses parents pour soi tout seul, ne pas devoir partager, être le centre de l’attention un peu hésitante et maladroite d’un entourage qui découvre tout, être le roi sans princesse ni petit prince pour lui ravir son trône… Mais tous ces privilèges dont ils ont pu bénéficier pendant les mois ou les années qui ont précédé la naissance du suivant les rendent sans doute encore plus vulnérables, plus « à protéger » lorsque la nouvelle organisation de la famille se met en place. Et leur ravir, une deuxième fois, le statut de petit pour les propulser dans le rôle d’aide ou d’assistant n’est sans doute pas la solution même s’ils nous paraissent si grands et même si on est parfois débordé. N’en demandons-nous pas trop à nos aînés quand le suivant pointe le bout de son nez ?
Rien de grave, je le répète, l’enfance est bien entendu préservée et ce ne sont pas quelques corvées ménagères qui vont entacher toute cette magie. Et bien souvent, le minus est lui-même demandeur d’aider son papa ou sa maman avec le petit frère ou la petite sœur mais je veux quand même me rappeler cette petite voix….
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