Hier et demain…

J’essaie de toutes mes forces de m’ancrer dans aujourd’hui. Ne pas vivre dans le passé mais en tirer les enseignements et ne pas l’oublier… Ne pas se projeter non plus sans cesse dans le futur, être toujours un train plus loin, au risque de ne pas profiter du voyage du jour… Je n’invente rien me direz-vous, c’est ce bon vieux « carpe diem » que je me répète tous les jours comme un mantra pour conjurer mes démons passéistes ou m’empêcher de vivre dans « demain » en oubliant « maintenant ». Mais certains jours de rêveries, je me laisse aller à quelques souvenirs et quelques anticipations. Pas pour me gâcher ou me cacher le moment présent, non, justement, plutôt pour en saisir toute la saveur. Le temps passe, il passe vite et parfois pour quelques instants, je voudrais être hier ou demain…

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Hier, pour revoir le premier regard de la Missnuscule et du Minus, ce moment si important qui scelle une relation à vie. Le Minus calme et serein (ça lui arrive) et la Missnuscule sortie de son cocon comme un boulet de canon et que la gynéco a eu bien du mal à rattraper au vol (j’exagère mais à peine).

Demain pour une petite virée shopping entre filles (oui c’est sexiste mais honnêtement je ne suis pas sûre que ce sera la tasse de thé du Minus, pour elle j’ai encore un peu d’espoir), juste la Missnuscule et moi ou pourquoi pas accompagnées de la grande-marrante pour faire une sortie transgénérationnelle. Demain pour voir sa féminité s’épanouir, lui expliquer comment la mettre en valeur (pour peu que j’aie compris) et lui apprendre que comme dit mon grand ami Renaud « vouloir trop plaire c’est le plaisir des moches ».

Hier pour assister encore une fois, une dernière fois, à leurs premiers pas. Ceux du Minus me semblent déjà si loin et je commence à avoir du mal à voir le bébé dans ce corps de grand garçon. Et tant que je suis dans les premiers pas, je me ferais un grand shoot d’odeur de nourrisson et de premiers sourires.

Demain, pour pouvoir faire une grasse mat’ sans minus qui réclament leur biberon ou viennent squatter le lit ! Non mais c’est quand qu’on peut dormir jusque 9h sans être dérangée ??? Et puis, tant que je suis dans les grasses mat’, je me ferai un plaisir de pourrir les leurs !!

Hier pour me regarder faire avec mon premier et me chuchoter à l’oreille « t’inquiète pas, tu fais tout très bien, arrête de stresser !! ». Hier, pour que quelqu’un me prenne par la main et me dise « c’est rien madame, vous faites une petite déprime post-partum, pas de quoi se culpabiliser, cela arrive souvent ». Hier pour faire avec le premier comme on fait avec le second, moins stressé, plus décontracté et plus sûr de soi…

Demain pour voir comment va évoluer la formidable complicité que ces deux-là sont en train de se construire. Qu’en restera-t-il une fois qu’elle grandira ? Partagera ses jeux ? Quand ils seront ados ? Je n’en sais rien mais je suis convaincue que ce qu’ils sont en train de vivre pour le moment est une base solide à leur relation future.

Hier pour revoir le bon gros chien et profiter un peu plus de lui les derniers mois. Cet été sera le premier sans lui et je sens déjà que les promenades au parc vont me manquer. Et du coup, je voudrais être déjà demain, quand nous aurons trouvé une petite maison pour abriter nos cliques et nos claques et accueillir un nouveau petit museau humide qui ne remplacera en rien le précédent mais avec lequel nous pourrons entamer une nouvelle vie de chien de la famille.

Demain pour faire découvrir au Minus (et après-demain à la Missnuscule) les livres qui attendent bien sagement d’être lus et relus. Les lire tout seul, comme un grand, sous la couette ou en voiture, les lire comme si sa vie en dépendait, s’attacher aux personnages, en discuter avec nous. Se prendre pour Harry Potter ou pleurer avec le Petit Prince… Lire…

Hier pour être encore une fois enceinte. La joie de l’annonce, le ventre qui gonfle, les premiers coups de pieds, les échos, moi les grossesses j’adore !! Et mon ventre crie un peu famine et même si ma raison lui dit de se taire, je serais bien hier pour ressentir encore tout cela.

Je pourrais égrainer ces bonds dans le temps à l’infini mais comme je vous le disais en intro, je m’efforce que ces failles temporelles, ces petites lucarnes, ne durent pas trop longtemps car c’est ici et maintenant qui compte et que le temps passe trop vite pour ne pas les regarder intensément grandir…

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