J’avais oublié à quel point c’est petit (et vous aussi d’ailleurs puisque c’est la phrase que nous entendons à peu près 10 fois par jour depuis la naissance)…
J’avais oublié l’odeur de bébé, celle qu’on va chercher loin au creux de l’oreille, odeur mélangée de lait, de produits de soin et puis son odeur à elle… Le Minus a aussi son parfum particulier, ce n’est plus celui d’un bébé mais je prends le même plaisir à m’en faire quelques shoots quand il dort…
J’avais oublié les visites et le jeu des ressemblances qui les accompagne : « elle a le sourire de Magnus », « c’est le portrait de sa mère », « elle ressemble au Minus non ? »…
J’avais oublié les petits pieds, les petites mains, les bras qui griffent l’air quand ils réclament le biberon, les jambes repliées en position fœtale et les mimiques si drôles quand ils dorment…
J’avais oublié les petits bruits, petits bruits de bouche, miaulement de petit chat, si agréable pendant la nuit ;-)…
J’avais oublié cette peur qui étreint, cette impression de sauter dans le vide, de remettre entièrement sa vie dans les mains d’un petit être… Ce sentiment vertigineux lorsqu’on réalise que s’il arrive la moindre chose à ce petit être on ne s’en remettra sans doute jamais… Moi, j’ai cette peur là, surtout les premières semaines, quelque chose qui vient me serrer la gorge, qui me dit que toute ma vie maintenant je vais scruter les joies et les peines, souffrir les maladies d’enfant et les chagrins d’ado de ce petit bout de minus… Et il y en a deux maintenant pour nous tenir éveillés la nuit…
J’avais oublié l’effet bouillotte de ce petit corps lové contre le mien…
J’avais oublié à quel point Magnus est un bon papa : aimant, calme et surtout prêt à se lever la nuit et à changer une couche (même de caca)…
J’avais oublié (ou pas) les nuits entrecoupées, hachurées, coupées en petits morceaux par les repas du petit tyran… Et cette impression stupide d’avoir bien dormi quand elle fait son premier « trois heures d’affilées »… 😉
J’avais oublié les journées qui passent en un clin d’œil, le repas sur le pouce et la douche pas avant midi (et encore pour les primis c’est souvent 17h)…
J’avais oublié le premier regard, celui de la salle d’accouchement juste après la naissance lorsque la gynéco pose le minus sur le ventre… Ce premier regard qui scelle une relation… Et puis le deuxième regard, celui vers Magnus qui dit « quoiqu’il arrive on a bien fait »…
J’avais oublié les horaires de la maternité, les soins, les visites, les repas, les sages-femmes auxquelles on s’attache et puis celle qui font peur on ne sait pas très bien pourquoi…
J’avais oublié les cheveux si doux, les pieds si petits…
J’avais oublié ce ventre vide mais pourtant encore si gros…inutile et ridicule stigmate…et ce corps meurtri mais si « léger »…
Je ne sais pas si j’avais vraiment oublié tout cela…Peut-être pas… J’avais sans doute surtout envie d’écrire tout ces mots, de vous les dire… Un besoin aussi de jouer ces gammes de la toute petite enfance, cette musique des nouveaux-nés, cette partition de jeunes parents… Et puis pourquoi pas un autre article intitulé « Je me souviens de tout »…
Aujourd’hui la Missnuscule a six jours, mon corps a cent ans et mon cœur a encore une fois pris perpèt…
Laisser un commentaire