Ben quoi, moi aussi je regarde des zémissions zintelligentes à la télé et « Un jour, Un destin » j’aime bien alors je me suis dit « ok je ne suis pas Romy Schneider et j’ai pas le destin de Sissi » mais pourquoi j’aurais pas droit à mon petit article bilan avec des jolies dates clés ? Hein pourquoi ? Allez c’est parti…
18 mars 1977. Je vois le jour à Bruxelles, à la maternité Edith Cavell, celle-là même où mes deux enfants naîtront un bon paquet d’années plus tard… Enfant unique, choyée, comblée, éveillée aux arts et surtout aux lettres dès le premier âge, je m’épanouis comme un charme dans la jolie commune d’Auderghem… Les grands-marrants de la Missnuscule et du Minus, mes parents donc pour ceux qui suivent, étaient déjà à l’époque de gros rigolos j’ai donc pu jouir d’une enfance pas trop conformiste et assez drôle.. Mais surtout, j’ai grandi dans un bain de jolies valeurs : droiture, curiosité intellectuelle, ouverture d’esprit, solidarité, générosité, voilà autant de témoins que mes parents ont cherché à me transmettre inlassablement. Il m’appartient maintenant de les léguer à mon tour à mes minus.
18 mars 1987. J’ai dix ans. J’aime le sport (le tennis et Boris Becker plus particulièrement), mes amis, mon chien et mes parents. Je suis un petit chef de meute et je place déjà l’amitié en tête de mes préoccupations. Les garçons m’importent peu et je fais d’ailleurs tout mon possible pour leur ressembler !! Je suis enfant unique et cela me convient très bien de toute façon, je peux inviter des petits copains quand je veux à la maison et mes parents hébergent toujours une brebis égarée…
18 mars 1993. Ouch, j’ai seize ans. Pardon, papa et maman pour ces années troublées mais je me cherche et je ne me trouve pas !! J’ai des amis, beaucoup d’amis et certains sont d’ailleurs encore présents aujourd’hui dans ma vie… Je suis à fleur (tendance cactus) de peau, tout est grave, essentiel, je manque cruellement d’humour et de recul. Le nez dans mon adolescence et surtout dans mon nombril je fais la fête et je grandis, je pleure et je souris, je fais la belle et trompe le prince charmant…
18 septembre 1995. Je rentre à l’Université et je ne sais pas encore que je vais vivre des années magiques et essentielles pour ma vie future… Je vais rencontrer une poignée d’amis qui je considèrerai vite comme des frères et sœurs et après un chagrin d’amour dévastateur, Magnus viendra recolorer mon monde. Je vais faire la fête et puis encore la fête entre deux ou trois syllabus… Premier contact aussi avec l’échec, le vrai, le gros, celui qui fait mal, pas le truc de cour de récré… C’est le seul problème des enfances radieuses, c’est qu’elles préservent un peu trop des accidents de parcours, du coup quand on les rencontre, on n’est pas toujours bien préparé… Rien de dramatique non plus, bien sûr, et l’entrée dans l’âge adulte (pour peu qu’il se fasse un jour) est sereine…
1er septembre 2001. Premiers pas dans la vie active. Après des études de criminologie, je choisis le social de terrain (pas celui pour les petites filles) pour faire mes armes… A l’aise aux côtés des écorchés, des abîmés, des oubliés, j’apprends, j’encaisse, j’emmagasine les informations auprès de cette humanité estropiée et de mes collègues bienveillants. Finalement, je choisirai assez vite de ne plus quitter ce secteur.
9 décembre 2002. Comme je vous le disais il y a quelques instants, Magnus et moi décidons de tenter de faire un petit bout de chemin ensemble… Nous parcourrons finalement bien plus de kilomètres que prévu et nous avons encore pas mal de pays à visiter… Je ne sais pas à quoi on reconnaît l’homme de sa vie ou peut-être que c’est cela le secret, on ne le reconnait pas tout de suite, on construit jour après jour et un matin on se retourne et on se dit « voilà c’est lui »…
14 novembre 2008. Ce jour-là, Magnus et moi, nous avançons confiants et un peu naïfs vers notre premier rendez-vous chez le gynécologue (enfin je vous rassure pour moi ce n’était pas le premier rendez-vous). J’avais arrêté la pilule quelques semaines avant et voilà que j’étais déjà enceinte, vite presque trop vite, pas le temps d’avoir envie d’avoir envie comme dit Johnny… Et puis cette phrase « le cœur ne bat pas, c’est non évolutif »… Je comprends au ton employé que c’est un accident banal, qu’elle en annonce trois par semaine des fausses couches comme ça, qu’il ne faut pas s’effondrer… Et effectivement dans les jours qui suivent, je m’accroche à ce mantra : « le fœtus était sûrement abîmé, la nature fait bien les choses, ce n’est pas grave, vous allez vite retomber enceinte »… Dans ma conception des choses, ce n’est pas un enfant que l’on perd, tout au plus un amas de cellules à ce stade précoce de la grossesse mais c’est ainsi que j’ai appris que perdre quelque chose qui n’existe pas encore vraiment peut parfois être aussi douloureux. C’est d’un rêve, d’un projet qu’il faut faire péniblement le deuil… Des années après, je n’ai plus mal mais je n’ai pas oublié, souvent je pense à ce qu’il se serait passé si justement ça ne s’était pas passé… Et plus encore que la perte d’un embryon, c’est la rencontre avec le chagrin, avec le malheur qui m’a marquée à jamais. Cette expérience a ouvert une brèche dans ma confiance dans la vie, je sais maintenant que tout peut basculer en un instant et j’ai peur parfois, souvent, un peu, cela dépend des jours …
12 mars 2010. Naissance du Minus : moment inoubliable et séisme dans notre vie, il faut tout réapprendre : comment être un couple avec un enfant, comment être une femme et pas seulement une mère, comment allier vie professionnelle et familiale etc… Et cette fatigue qui, la première année, vous vrille les tempes… Comme dans une relation de couple, le Minus et moi nous allons nous apprivoiser petit à petit… Pas de coup de foudre mais un lent apprentissage de qui est l’autre et un amour puissant et sincère qui s’installe… Finalement, nous avons grandi tous les trois ensemble ces dernières années, le Minus comme un minus et Magnus et moi comme parents et comme adultes.
21 mars 2013. Je perds mon boulot suite à un licenciement que l’on peut pour le moins qualifié de limite… Nouvelle brèche dans ma confiance dans la vie, rien de dramatique, je reste foncièrement une optimiste mais j’apprends à m’inquiéter et à me méfier… Une semaine à peine après, je découvre que je suis enceinte de la Missnuscule : grosse joie même si on se dit qu’il va sans doute être difficile de retrouver un boulot en étant enceinte…
27 novembre 2013. Naissance de la Missnuscule, ma fille, ma deuxième, la petite sœur. Pour un second enfant, on est déjà parents pas besoin d’apprentissage (même si on oublie une partie)… Du coup, moins de stress, moins de tensions, moins de tâtonnements et plus de plaisir dès les première semaines… La fatigue est toujours là mais comme elle n’est pas accompagnée de sa copine la déprime, tout se passe beaucoup mieux… Nous nous découvrons famille, grand frère, parents d’une petite fille et pour le moment, on aime tous beaucoup ça…
Et vous, blogueuse copine ou lectrice, quelles sont vos grandes dates ?
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